14 Novembre 2009
Une petite bonne de..8 ans
C’est au siècle dernier, en 1912 que ma grand-mère, âgée de 8 ans s’est retrouvée « placée chez les autres » comme on disait à l’époque.
3ème enfant, et fille de surcroit,
d’une famille qui devait en comporter 11, ses parents, comme tant d’autres à l’époque, la placèrent « chez les bourgeois » autre expression
de l’époque pour désigner les propriétaires des grosses fermes qui n’hésitaient pas à prendre à leur service des enfants qu’ils ne payaient pas ,ou mal, mais qu’ils nourrissaient là encore, peu
ou mal, mais la conscience tranquille , ils soulageaient les familles d' « une bouche à nourrir ».
Mes arrières grand- parents habitaient une petite maison en plein bois, située en Touraine, mon arrière
grand père était bûcheron, et sa femme restait à la maison. Ce sont eux dont la photo illustre mon article sur les tabliers.
Comme tant d’autres donc, ma grand-mère se trouve placée à quelques villages de là, d’abord pour garder les vaches dans les champs, puis les oies, elle rentrait le soir faire la soupe et couchait
avec les bêtes.
Il arrivait à ces familles de nantis de se prêter leur personnel, comme on faisait pour le cheval de
labour, et c’est ainsi qu’elle atterrit un (mauvais) jour chez les H…(ce n’est pas l’envie qui me manque de citer le nom de ces négriers, mais leurs
descendants n’y sont pour rien.), et là, malgré un travail harassant pour une gamine de 8 ans, elle « crevait » littéralement de faim.
Une nuit, tiraillée par la faim, couchant dans l’étable avec son frère employé lui aussi, ils mirent
au point tous les deux une expédition nocturne pour aller voler des pommes dans le champs, l’opération réussit, se répéta bien des fois..Je ne sais pas, ou plus, si « le
patron » s’aperçut de ces larcins répétés, - il était, disait-elle tellement rapiat qu'il était foutu de les avoir comptées- mais je me souviens qu’elle me disait avoir
culpabilisé énormément car ils avaient « volé », et çà, dans une famille chrétienne, et dans l’esprit d’une enfant de 8 ans, c’est un poids terrible.
Lorsque je l’ai questionnée sur son enfance dans les années 70, cette anecdote là est venue en premier, la plus douloureuse sans doute., la moins digérée.
Ces états de faits sont difficilement imaginables, et pourtant je puis vous certifier que c’est la pure vérité, ses autres frères et sœurs ne furent pas mieux lotis, seuls les derniers ont eu la
chance d’aller à l’école jusqu’au fameux certif’..
Si cette petite anecdote vous a plu, je
vous en raconterai d’autres, tantôt cocasses tantôt lamentables.
Bon week-end à toutes ,
coucou mamy